Raihanyat,

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Le Site Officiel De Mohamed Saïd Raïhani

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PROPOS DE CORBEAU

Une nouvelle écrite & traduite par Mohamed Saïd Raïhani

Un sentiment étrange vous envahira alors que vous avancez vers la profondeur de cette ferme étendue et vous vous demanderez:

- "Ai-je oublié quelque chose?"

Vous vérifierez votre sac et vous découvrirez que tout est là. Cependant, un sentiment étrange vous accompagnera entre les les orangers alignés sur deux rangées des deux côtés de l’entrée de la ferme formant ainsi un sens unique.

Le sentiment étrange vous possédera et, soudain, surgiront de votre mémoire les contes des grands-pères sur les peuples du bon vieux temps qui ont été punis et métamorphosés en corneilles, en singes et en sangliers pour avoir mal agi.

Espace de la Mort:

Le propriétaire de la ferme se tiendra tranquille, à l'extrémité du chemin, et vous attendra main tendue pour une poignée de main et il vous dira:

- J’ai appris, hier, que l'académie des Beaux Arts avait réparti ses étudiants dans des missions artistiques dans beaucoup de fermes en province..."

Et:

- Tu n’as pas de chance !

Si vous ne comprenez pas le geste, il ajoutera:

- Moi-même, j’aime la peinture mais je préfère la nature morte pour son absence totale d’action. L'action est nécessairement souffrance et l'homme, de nature, déteste souffrir. L'art doit être beau et plaisant...

Espace de la Création:

Vous monterez votre chevalet et vous sortirez votre matériel du cartable pour entamer le travail et vous commencez par composer des couleurs.

Jetez alors un regard sur lui et vous le trouverez trés-en-co-lère!... Cependant, il improvisera un sourire et un petit mot d’accueil:

-"Faites comme chez vous!".

Espace du Silence:

Le paysage devant vos yeux est silencieux voire mort mais la vue est équilibrée et bien encadrée: les arbres aux deux bords du tableau font cadre normal avec un mulet coincé au premier plan surchargé depuis l’aube avec des choses apparemment pesantes. A l’arrière plan, des pâturages verts ou paît un troupeau de boeufs parmi lequel un esclave choisit le boeuf le plus fort et le tire hors du troupeau par les cornes en avançant tout les deux, boeuf et esclave, vers le premier plan du tableau...

Soumis, Le boeuf suit l'esclave qui l’attache à un tronc devant vous, au milieu du tableau, en attendant ce qui suit.....

Espace de l'Ordre:

Ici, vous n'entendrez rien que l’ordre et l'obéissance:

- “Mais qu’est-ce que vous attendez?!”

- “A vos ordres, Monsieur", répondra le castrateur en sautant sur le boeuf.

C'est un ordre, l'ordre du Maître: un hercule possédant la terre, les boeufs castrés, les mulets et les esclaves qu’il a hérité de ses ancêtres.

Cependant, en dépit du lourd héritage et malgré l’ombre étendu des grands-pères, ses tentatives novatrices dans l'interprétation sont allées jusqu'au point de contredire la ligne de l'ascendance dans un point essential en rachetant, de temps en temps, un esclave dans l'intention de demander la rémission de Dieu pour avoir péché pendant Ramadan en faisant l'amour à l’une de ses femmes du harem.

Mais la majorité des esclaves rachetés revient après peu de temps en liberté à cette ferme refusant leur nouvelle nouvel état tout en aspirant avec nostalgie à leur ancien style de vie de qu’ils ont toujours mené dans la castration et la servitude.

Espace de l'Obéissance:

Le castrateur prendra le boeuf par les narines. Il tordra son cou et le jettera par terre. Il tirera les testicules de boeufs hors de ses cuisses, les enduira de graisse et les posera soigneusement sur le tronc de l’arbre au sein du tableau.

Le Maître dira au castrateur:

- Je veux un boeuf fort. Un boeuf qui labourera des champs tout seul et mettra en oeuvre tous les moulins.... Quant au viril, nos vaches en auront besoin pour une minute un jour Durant l’année et alors nous pouvons l'emprunter, ou même le louer.

Espace de la Rage:

Le boeuf restera, par terre, coincé avec ses quatre pattes attachés les unes aux autres autour de la guillotine, ronflant du vertige avant que la batte en bois n’écrase ses testicules pour déclencher son râle:

Aaaaaaaaah!...

Le boeuf, entravé, roulera autour du tronc, donnera des coups de pied, criera, hurlera comme s’il n'a jamais été un boeuf:

Aaaaaaaaah!...

Les râles du boeuf ne semblent mériter aucun intérêt du mulet coincé dans le même vieil endroit, toujours surchargé du même fardeau, dévorant le maïs dans le sac pendant de son cou, totalement indifférent à la douleur déchirant le ciel et aux cris perçants....

Espace de la métamorphose:

Vous regarderez le tableau devant vous et le trouverez, après toute la violence, exempt de toute action, une simple nature morte: Les orangiers sur les deux bords du tableau encadrent le vide qui résonnait quelques moments avant les cris de la douleur et de la rage... et vous vous demanderez:

- Qu’est-il arrivé au tableau?!

Puis, jetez un coup d’œil sur les pinceaux par terre, entre vos pieds: cassés en morceaux, écrasés... et vous vous demanderez:

- Qu’est-il arrivé aux pinceaux?!

Puis, vous vous rappelez de vos mains et vous essayez de les sentir:

Frrrrrrrrrrrrrrroides!...

Paralysées?

Les mains d'une autre personne?......

Nul ne revêt l’importance due. Ce que vous devriez savoir c’est que la dégénération vous a choisi, que vous avez joint l'histoire des métamorphose et que vous êtes déjà le bienvenu parmi nous: Un sanglier dans les bois ou un corbeau sur les toits.

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